Risque de faire rêver
par Jean Todt
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Risque de faire rêver, par Jean Todt.
« Le plus beau risque dans la vie est de cerner ce en quoi vous êtes une valeur ajoutée, et à partir de là essayer d’obtenir les meilleurs résultats dans les domaines que vous connaissez. C’est lié au plaisir de faire rêver des gens. »
Témoignage Risque de Chance, le 14/10/2019 à Paris, de Jean Todt, président de la Fédération internationale de l’automobile (ancien copilote de rallye français, directeur de Peugeot Talbot Sport [1981], puis directeur de l’écurie de Formule 1 Scuderia Ferrari en 1993, avant d’être nommé directeur et administrateur de Ferrari de 2004 à 2008. Il est depuis le 23 octobre 2009 président de la Fédération internationale de l’automobile [FIA]). Sous sa direction, Peugeot a décroché 4 titres de champion du monde en rallye (pilotes et constructeurs), 4 victoires au Rallye Dakar, deux victoires aux 24 Heures du Mans, et Ferrari 14 titres de champion du monde de Formule 1 (pilotes et constructeurs). C’est sous sa direction que Michael Schumacher a remporté cinq championnats du monde des pilotes consécutifs, de 2000 à 2004 et obtenu 72 de ses 91 victoires. Le 29 avril 2015, Jean Todt est nommé par le secrétaire général des Nations unies envoyé spécial pour la
sécurité routière.
En tant qu’homme, sportif, patron d’écurie, engagé pour la sécurité routière et pour les autres dans le monde, pouvez-vous me dire, s’il vous plaît, quel est le plus beau risque dans la vie ?
Le plus beau risque dans la vie ? Le plus grand risque, c’est probablement de ne pas agir. De ne pas atteindre les objectifs que l’on peut se fixer. Déjà, dans la vie, il faut faire la part du hasard, de l’endroit où vous allez naître. Ensuite, il faut essayer d’agir là où l’on est capable de faire la différence. D’où la nécessité de cerner ses capacités, ses points forts, ses points faibles. À partir de là, s’engager, être ambitieux. Être ambitieux pour soi, mais également pour les autres. Et puis s’acharner, s’acharner pour réussir.
Avez-vous un exemple vécu de ce beau risque ?
Vous savez, la vie est faite de chapitres. Dans les chapitres qui constituent ma vie, le plus gros risque a probablement été le fait de quitter un travail en France chez PSA[1], où les choses se passaient plutôt bien pour moi. D’une certaine manière, j’avais mon petit avenir assuré. J’ai pris le risque de m’expatrier et d’aller travailler chez Ferrari. Tout le monde me disait que je ne résisterais pas deux ans. Finalement, j’y suis resté seize ans. Au bout de seize ans, j’ai finalement décidé de partir.
Comment l’avez-vous vécu et qu’est-ce qui était vraiment important pour vous, voire pour plus grand que vous, en devenant nomade et en quittant votre confort ?
Non, je n’ai pas quitté mon confort. L’endroit où j’allais demandait un engagement total, c’est vrai, mais tout est une question de valeur. J’admire beaucoup les gens qui donnent, j’admire les gens qui prennent des risques sûrement beaucoup plus importants que les miens ou qui donnent leur vie pour accomplir des actes souvent plus nobles. Je pense à mon père qui était médecin généraliste. Il était certainement plus profond et plus généreux que moi, pour faire ce qu’il a fait. C’est pour cela qu’aujourd’hui, par exemple, j’essaie de faire des choses qui profitent avant tout aux autres. Aujourd’hui, tout ce que je fais, je le fais bénévolement.
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Est-ce un risque de chance d’être stratège et rigoureux ? Je dis cela parce que je vous connais un peu, pour avoir travaillé avec vous chez Peugeot, il y a longtemps déjà…
C’est un état d’esprit. C’est une culture. On essaie de réussir selon un certain nombre de critères et de paramètres qui vous habitent. D’un côté, c’est sûrement une chance et d’un autre c’est une lourdeur, car il faut vivre avec cela. Rechercher en permanence la perfection provoque probablement sur soi-même une pression continuelle.
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[1] Peugeot Citroën.
Livre d'Or et trace magique
Sur un petit carnet d'or chaque témoin a laissé sa trace du jolie moment de vie partagé lors de l'entretien.
« Tous mes vœux de réussite
pour ce beau projet »
Jean Todt