Risque de revivre "heureux"
par Frédéric Sausset
Entretien vidéo
Entretien livre
Risque de revivre « heureux », par Frédéric Sausset.
« Mon plus grand risque a été de vouloir modeler une nouvelle vie heureuse. »
Témoignage Risque de Chance de Frédéric Sausset, le 21/10/2016 à Nanterre. Chef d’entreprise, premier quadri-amputé de l’histoire du sport automobile à participer et terminer les 24 Heures du Mans, la plus difficile et mythique course auto du monde. Fondateur de la Filière Sausset, école d’apprentissage des sports mécaniques de
compétions pour les personnes handicapées. Il a publié en 2015 avec Stéphan L’Hermitte le livre Ma course à la vie chez City Éditions.
Cher Fred, peux-tu me dire, s’il te plaît, quel est le plus beau risque dans la vie ?
Le plus gros risque que j’ai pris ? Il y a plusieurs grands risques. Lorsqu’on fonde une famille, on prend un grand risque, car on prend sur les épaules une union : fonder une famille, avoir des enfants, c’est le risque d’aller jusqu’au bout. Après, dans l’aventure qui a été la mienne suite à mon accident, mon plus grand risque a été de vouloir modeler une nouvelle vie qui n’était pas forcément très simple à envisager dans l’avenir, et d’essayer d’attacher à cette nouvelle vie quelque chose qui pourrait me rendre plutôt « heureux ». Ce n’était pas évident au départ, car lorsqu’on se retrouve du jour au lendemain quadri-amputé, on a un peu de mal à avoir des perspectives positives. Quand j’ai commencé à travailler sur ce projet des 24 Heures du Mans, nul doute que j’étais le seul à y croire ! C’était un risque énorme, car à partir du moment où cette aventure avait été divulguée, il ne fallait pas qu’il y ait d’échec, d’autant que chez moi l’échec est assez compliqué à gérer. Il a donc fallu convaincre les autres.
Est-ce que le plus beau risque dure 24 heures ?
C’est un peu plus long que cela, mais en effet, dans sa réalisation, c’était sur 24 heures. Cela représente beaucoup de travail en amont. En ce qui me concerne, trois ans de travail intensif, car je voulais chapeauter à peu près tout, dans cette aventure-là. Me préparer physiquement, trouver les partenaires financiers, rencontrer les partenaires, convaincre les autorités, enfin savoir piloter, puisque c’est quelque chose que j’ai découvert, que je ne connaissais pas. Il y avait donc beaucoup de risques. Tout s’est bien passé et je crois que nous avons terminé l’aventure de la plus belle manière. Par rapport à cette aventure-là, la légitimité est acquise.
Comment l’as-tu vécue et qu’est-ce qui était vraiment important pour toi, voire pour plus grand que toi ?
Le moment le plus important s’est situé à peine un an après le départ de l’aventure. Je me suis retrouvé dans le bain avec l’élite des pilotes internationaux, les plus grands pilotes qui existent au monde. J’arrivais dans mon fauteuil, coupé en quatre, sans avoir jamais fait aucune course auparavant, ni de karting, ni de quoi que ce soit.
Qu’est-ce que cela nourrissait en toi comme besoin essentiel ? De la reconnaissance ?
La volonté de ne pas faire d’erreur. Je savais que j’étais attendu de ce côté-là, car beaucoup considéraient que ce n’était pas faisable. Je devais être irréprochable à la fois pour ma propre santé et pour les autres, et ne pas générer d’accident. Il y avait une pression colossale. Il fallait toucher la perfection en permanence. En tout cas pour moi c’était la perfection de réussir ce que j’ai réussi à faire.
...
Tu es un booster d’espérance.
Booster, je ne sais pas, mais un témoin d’espérance, oui. À travers certains mails et témoignages que je reçois, des gens me disent : « J’avais un rêve, je n’osais pas me lancer et maintenant vous m’avez donné envie de le faire. » Ce sont des rêves de toute sorte, comme devenir champion de belote de sa commune, etc. C’est extrêmement touchant, car cela veut dire qu’ils ont trouvé un intérêt pour eux à ce que j’ai raconté.
...
Livre d'Or et trace magique
Sur un petit carnet d'or chaque témoin a laissé sa trace du jolie moment de vie partagé lors de l'entretien.
« Le plus beau risque de chance
est de modeler une nouvelle vie « heureuse »
et de suivre son rêve. »
Avec toute mon amitié à Cyr-Igaël
Frédéric Sausset