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Risque d'explorer

par François Taddei

Entretien vidéo

Entretien livre

Risque d’explorer, par François Taddei.


« Quand on prend un risque soit on gagne, soit on apprend. Le plus beau risque, c’est de prendre soin de soi, des autres et de la planète simultanément. »


Témoignage Risque de Chance, le 10/06/2020 à Paris en visioconférence, de François Taddei, polytechnicien, ingénieur en chef des Ponts, des Eaux et Forêts, docteur en génétique moléculaire et cellulaire. Directeur du département Frontières du vivant et de
l’apprendre de l’Université Paris-Descartes, fondateur et directeur du Centre de Recherches Interdisciplinaires (CRI). En 2013, il initie Les Savanturiers – l’école de la Recherche, programme éducatif développé par le CRI, qui oeuvre pour la mise en place de l’éducation par la recherche à l’école : primaire, collège et lycée. En 2014, il devient titulaire de la chaire UNESCO « Sciences de l’apprendre ». Il a reçu divers prix nationaux (Prix de la recherche fondamentale à l’INSERM et Prix Liliane Bettencourt pour les Sciences du vivant, prix Montgolfier) et internationaux (European Young InvestigatorAward, Human Frontier Science Program) pour ses publications dans les meilleures revues mondiales comme Nature, Science, Cell, PNAS, PLoS… Il a été membre du Haut Conseil de l’Éducation et des Conseils scientifiques d’Universcience, et de la direction générale de l’Enseignement scolaire. En 2018, il a remis aux ministres du Travail, de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation un rapport sur la société apprenante et a publié Apprendre au xxie siècle chez Calmann Lévy.

Bonjour François. Dans ton parcours de papa, d’homme, de « Savanturier », de chercheur militant pour l’innovation dans l’éducation, de cofondateur du CRI (Centre de Recherche Interdisciplinaire), de conseiller pour l’Éducation nationale, peux-tu
me dire, s’il te plaît, quel est le plus beau risque dans la vie ?

Le plus gros risque, c’est de ne pas prendre de risque. Donc le plus beau risque, c’est d’en prendre. Le plus gros risque est de s’ennuyer. Quelqu’un qui ne prend jamais de risque prend celui de passer à côté de sa vie. Le plus beau risque est d’être soi-même et d’oser explorer le monde. De prendre soin de soi, des autres et de la planète simultanément. Passer à côté de cela est un risque énorme. Nelson Mandela dit : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends. » Quand on prend un risque, l’on gagne ou l’on apprend ; dans les deux cas, on avance. Le risque le pire est celui de l’immobilisme,
celui du monde d’hier. Le monde d’hier, toujours dominant dans certains domaines, mais déjà obsolète, est un monde basé sur l’exploitation de soi et des autres par un système qui nous transforme tous en rouages. À l’inverse, si nous allons vers nous-mêmes, selon le dicton « Connais-toi toi-même » vieux comme les Grecs, alors nous avons une chance de trouver notre vocation et d’avoir de l’impact.


As-tu un exemple vécu de ce beau risque « d’être soi-même », comment l’as-tu vécu et qu’est-ce qui était vraiment important pour toi, voire pour plus grand que toi ?
(Silence) Je n’ai pas eu l’impression de prendre des risques dans ma vie. J’ai une famille qui m’a donné confiance. Mes plus grosses difficultés, je les ai vécues au service militaire. Tout à coup, on me donnait des ordres qui n’avaient pas de sens. J’avais beaucoup de mal à l’accepter, car on ne m’avait jamais parlé comme cela, à part un petit peu à l’école, mais c’était relativement cadré et je mettais peu de temps à exécuter les ordres, car je faisais le minimum nécessaire pour m’en sortir. Mais à l’armée, je n’ai
vraiment pas compris. J’ai été un enfant raisonnable au sens propre du terme, c’est-à-dire que l’on pouvait me raisonner. J’ai toujours bénéficié d’un cadre de liberté que j’ai fait évoluer, ce qui s’est avéré relativement fécond. Un cadre de liberté, évolutif et fécond, c’est une clé. Pour moi, c’est même LA clé. C’est ce que nous essayons d’initier au CRI et à l’école des Savanturiers : créer des cadres à l’intérieur desquels les étudiants peuvent explorer. C’est un risque, au moins en théorie, car l’institution éducative et universitaire en France n’est pas pensée comme cela. Mais en pratique, c’est un bonheur.

...

Livre d'Or et trace magique 

Sur un petit carnet d'or chaque témoin a laissé sa trace du jolie moment de vie partagé lors de l'entretien.

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« Risque de chance. Amitiés. François Taddei »

La légende indienne de l’éléphant met en scène six aveugles qui touchent chacun une partie d’un éléphant. Chacun pense avoir compris de quoi il s’agit après avoir touché cette seule partie. Celui qui touche la trompe pense que c'est un serpent, celui qui touche l'oreille pense que c'est un rideau, celui qui touche la défense pense que c'est une lance, celui qui touche la patte pense que c'est un tronc d'arbre, celui qui touche le corps pense que c'est un mur, celui qui touche la queue pense que c'est une liane. Évidemment, ils ne sont pas d'accord entre eux. Sur ces entrefaites passe quelqu'un qui a un tout petit peu plus de vision. Et il leur dit : « Si vous étiez capables de vous parler et de mettre en commun ce que vous savez, vous auriez plus de chances de comprendre la complexité d'un éléphant et sa dynamique dans son interaction avec d’autres éléphants ».

Chacun d'entre nous est aveugle, on le sait depuis Socrate et Platon avec le mythe de la Caverne. Nous avons du mal à changer de point de vue. Les sciences cognitives l’ont très bien démontré. Il y a beaucoup de formes d'aveuglements cognitifs. Pouvoir changer de point de vue sur le monde est essentiel.

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